Douentza sous occupation des rebelles du MNLA - première série

Boukary SANGARE:

Douentza sous occupation des rebelles du MNLA: conséquences sur la vie quotidienne des populations

Juin 2012

© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)

Figure 1 Gendarmerie de Boni abandonnée par les gendarmes (à gauche) et résidence du Préfet de Douentza aussi abandonnée (à droite)

Située dans le cercle de Douentza à 300km au Sud-ouest de Gao, l’une des principales villes du Nord du Mali, la ville de Boni  a été totalement abandonnée par les autorités administratives et sécuritaires du Mali depuis la chute des villes de Kidal, Gao et Tombouctou.

Ce 1er bâtiment de la Gendarmerie (à gauche) est pointé à la rentrée de la ville de Boni, comme tous les locaux administratifs, il se trouve de nos jours totalement abandonné et constitue un lieu de refuge pour les  rebelles du MNLA.

Le 2e bâtiment (à droite) est la résidence abandonnée du Préfet de Douentza suite à la prise de cette ville par les rebelles du MNLA depuis le 03 Avril 2012.

© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)

Figure 2 Le Bus de Sonef transport quittant Gao pour Bamako en escale au carrefour de Boni (à gauche) et MAIGA transport quittant aussi Gao pour Mopti faisant escale à Douentza (à droite)

Ce 1er bus de la SONEF Transport (à gauche) a quitté Gao pour Bamako mais se trouve en escale au carrefour de Boni. Comme vous pouvez le constater, il transporte des populations qui fuient le Nord pour le sud avec tous leurs biens (fauteuils, matelas, frigos etc.) Les islamistes d’Ansar dine sont les maîtres des lieux à Gao et  imposent la charia aux populations, ce qui rend la vie très invivable pour ces habitants qui que la fuite comme seule option possible. Pour se sauver  et gagner un minimum de libertés, ces populations se dirigent vers Bamako et d’autres régions du sud où il y a un minimum de sécurité.

Le 2e bus, MAIGA Transport quittant Gao pour Mopti, est en escale à Douentza, dernière ville occupée par les rebelles du MNLA vers le Sud du Mali. Ce second bus aussi est rempli de monde qui fuit les régions du Nord à la recherche de la stabilité dans le sud.

© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)

Figure 3 Bar restaurant Tango-Tango (à gauche) et Nicola coiffure  (à droite) fermées à cause du passage d’Ansar dine à Douentza

Depuis le premier passage du groupe islamiste d’Ansar dine à Douentza le 15 avril 2012, les lieux de loisir comme Bar, hôtel, campement, salon de coiffure etc. ont tous fermé par crainte de subir le même sort que ceux de Gao. A Gao, les islamistes ont détruit tous les bars ainsi que les stocks d’alcool considéré comme impur.

Le bar Tango-Tango connu comme l’un des meilleurs endroits de buvette et dancing à Douentza a fermé les portes par peur d’être attaqué par les islamistes d’Ansar dine. Ainsi que le salon de coiffure pour homme et femme,  Nicola Coiffure, dont le propriétaire est un nigérian a fermé son entreprise pour rentrer définitivement dans son pays d’origine.  

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Figure 4 Douentza, une ville paralysée par la rébellion

Douentza, une ville qui était en pleine mobilité, se trouve de nos jours paralysée avec la rébellion. La ville de Douentza a été totalement vidée par les autorités administratives et les populations depuis sa chute sous le contrôle du MNLA.

La rébellion a fait de Douentza une ville morte où on ne voit presque pas encore de gens dans les rues, ni de voitures sur la route nationale (RN 16) à part 3 ou 4 bus qui font la navette entre Gao et Bamako en traversant la ville de Gao. 

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Figure 5 Dia électronique presque en faillite

En Octobre 2009, quand nous partions pour la première fois à Douentza pour les recherches de terrain sur la téléphonie mobile, cette boutique était la plus grande boutique de vente de téléphones portables, d’accessoires et de cartes de recharge. Il s’agit de la Boutique Electronique DIA mais fort malheureusement quand nous sommes retournés cette année pendant la rébellion, elle était vide et ne contenait qu’une dizaine de téléphones portables. Par peur de se voir envahis par des bandits armés en raison de l’absence de toute autorité, le gérant d’Electronique DIA a envoyé toutes ses marchandises à Mopti depuis la première semaine de la prise de Douentza par les rebelles, celle du 02 Avril 2012. Comme beaucoup d’autres personnes, le gérant de cette boutique de téléphonie mobile s’inquiète énormément et s’inquiète pour son avenir si cette situation perdure encore car il risquerait de fermer son entreprise et de se retrouver sans activité économique.  

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Figure 6 Boutique incendiée par des bandits armés

Le propriétaire de cette boutique est l’un des rares victimes civiles de la rébellion dans la ville de Douentza. Bien que le cercle de Douentza soit sous le contrôle du MNLA depuis Avril 2012, il est intéressant de noter que les populations civiles ne sont pas directement visées par les actes de violence mais néanmoins l’absence des autorités a un effet direct sur la population. Selon nos informateurs, pendant la première semaine de la prise de Douentza par les rebelles du MNLA, Douentza a été le théâtre de plusieurs actes de vandalismes, de brigandages, de vols etc. Profitant de l’absence des rebelles du MNLA, des petits bandits armés rentraient dans la ville pour piller et saccager les locaux administratifs et d’autres biens publics. Quand ils sont arrivés devant cette boutique qui était fermée, ils se sont mis à tirer à balle réelle ; après quelques coups sur la porte, la boutique a pris feu et ils l’ont abandonné en la laissant bruler.

© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)

Figure 5 Un voleur de sac de riz arrêté et conduit au siège de la  milice d'auto-défense

En raison de l’absence de toute forme d’autorité administrative dans le cercle de Douentza suite à la rébellion, les jeunes de la ville de Douentza ont crée une milice auto-défense pour surveiller, protéger et sécuriser la ville. Ils attrapent des voleurs qu’ils conduisent dans les locaux de l’ex gendarmerie où ils les incarcèrent pour les auditionner après.

Sur la première photo (à gauche), un jeune voleur de sac de riz a été arrêté au marché de Douentza par les jeunes de la milice d’auto-défense et conduit à la Brigade pour être auditionnée. Les populations (à droite) accompagnent et encouragent cette initiative de la milice d’auto-défense.   

© Mirjam de Bruijn & Boukary Sangaré (ASC Leiden)

Figure 10 Banque internationale du Mali (BIM) fermée

La ville de Douentza ne disposait qu’une seule banque, la Banque Internationale du Mali (BIM) et deux autres caisses d’épargne.  C’est à travers cette Banque que les ressortissants de Douentza en Guinée Equatoriale, à Bamako etc. ; envoyaient de l’argent à leurs parents à travers le transfert d’argent par Western union.

Cela n’est plus possible à Douentza ni à Mopti (chef lieu de région situé à 175km au sud) car toutes les banques ont fermé dans ces localités pour cause d’insécurité.